La Casa de Papel et le Joker récemment, ou Fight Club il y a vingt ans. Ces productions cinématographiques ont toutes deux aspects en commun :
Premièrement, leur intention révolutionnaire, anti-capitaliste et anti-système. La série Casa de Papel remet en question le système monétaire, Fight Club critique la possession matérielle et bouscule le capitalisme tandis que le Joker est une icône de lutte sociale.
Deuxièmement, ces films ont tous connu un énorme succès commercial. La série la Casa de Papel est la plus regardée sur Netflix, et elle a boosté les ventes de masques de Dali aujourd’hui devenus un symbole révolutionnaire. Le Joker a été dérivé en mug, tapis de souris, tee shirt, ect. Il en est de même pour le film Fight Club qui a fait s’accroître la vente du savon rose en 1999.
Comment expliquer que ces films qui critiquent profondément le système deviennent des produits de consommation de masse ?
L'essayiste Raphaël Enthoven décrit ce phénomène dans son livre Morale Provisoire paru en 2018: “Il n’est pas contradictoire qu’une icône devienne une marchandise.“
D’abord, la loi du marché adore les gens qui la combattent. Les révolutionnaires sont les meilleurs produits puisqu’ils donnent bonne conscience à l’acheteur tout en alimentant le système. ⠀
La deuxième raison est que le système a besoin, pour durer, d’alimenter constamment le rêve qu’on en sortira un jour. Le conservatisme exige l’espérance.
Tant que les gens achètent des tee-shirts ou des posters, ils ne font pas la révolution et tant qu’ils croient faire la révolution en achetant des tee-shirts, on peut leur faire avaler n’importe quoi. L’espoir de la victoire future donne la force d’endurer toutes les défaites du présent. Quand on commence en demi-dieu, on finit en porte-clé.
Ces idées mettent à distance l'espoir de la fiction. Mais elles interrogent surtout notre consommation de biens culturels. Restez lucides.